Pierre Suchet

Photographe

La disparition des lucioles

Du 18 Mai au 25 Novembre 2014,  la prison St Anne d’Avignon était ouverte au public, 11 ans après sa fermeture en 2003. Cette ré-ouverture provisoire était l’occasion d’exposer des oeuvres d’art contemporain issues de la collection Lambert. Quelques jours avant la fin de cet évènement, intitulé « La disparition des lucioles », j’ai passé 4 heures à visiter cellules, couloirs et cours de la prison, dans lesquels les installations étaient exposées.

Les photos ci-dessous sont prises au smartphone, post-traitées avec Instagram (filtre « Lo-Fi »). D’autres photos, prises au Rolleiflex, viendront plus tard, quand elles seront développées et scannées.

Je me suis intéressé tantôt aux lieux, tantôt aux oeuvres exposées. Je n’ai malheureusement pas noté le nom des oeuvres et des artistes et n’ai pas acheté le catalogue.

 

La cellule 101 est celle des « libérables ».

 

A l’entrée d’une cellule.

 

Dans de nombreuses cellules, des tâches au mur. Blanches, jaunes, marrons. Les tâches marrons m’ont aussitôt fait penser au film « Hunger » de Steve Mac Queen (le réalisateur, pas l’acteur) sur la grève des prisonniers de l’IRA en 1981 dans la période Thatcher. Les militants avaient entamé une grêve de l’hygiène pour réclamer le statut de prisonniers politiques, avant de la transformer en grève de la faim (fatale pour Bobby Sands), face à l’inflexibilité du premier ministre anglais.

  Hebreu

Cette installation, où l’inscription lumineuse alterne entre une phrase en arabe et son équivalent en hébreu, m’a fait pensé au poème de Mahmoud Darwich :

Ils ont fouillé sa poitrine

N’y ont trouvé que son coeur

Fouillé son coeur

N’y ont trouvé que son peuple

Fouillé sa voix

N’y ont trouvé que sa tristesse

Fouillé sa tristesse

N’y ont trouvé que sa prison

Fouillé sa prison

N’y ont trouvé qu’eux-mêmes enchaînés

Mahmoud Darwich – Le poème de la Terre

Sur le film projeté sur le mur du fond de la cellule, un homme tourne autour d’un mat. Il est suivi par des moutons. A chaque passage à « midi » de ce cadran solaire, un mouton supplémentaire vient s’ajouter à la ronde.

 

Accrochés au filet anti-hélicoptère, des rubans torsadés iridescents tournent dans un sens et dans l’autre. Les fenêtres de la prison qui se reflétent dans les rubans, montent et descendent. Papier tue-mouche sur lequel on s’englue ? Ou chignole pour creuser le trou de l’évasion ?

Trace de chalumeau sur un barreau